Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou (Wallace & Gromit: the Curse of the Were-Rabbit) de Nick Park et Steve Box
Après un début d'année morose où nos écrans ont été envahis par les films en images de synthèse lamentables (Robots et Vaillant), Wallace et Gromit reviennent à temps pour redorer le blason de l'animation. Presque dix ans après leur dernière apparition, les inventeurs fous s'attaquent enfin à leur premier long métrage...
Anti-pesto, la société de Wallace et Gromit chargée de protéger les potagers de la ville des rongeurs qui viennent s'y nourrir est débordée à la veille du grand concours de légumes géants. Il semble qu'un lapin-garou géant s'attaque en effet à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un légume... Lady Tottington, l'organisatrice du concours, pacifiste convaincue, n'a d'autre choix que de se tourner vers anti-pesto tandis que Victor Quartermaine se met en chasse pour débusquer le monstre et conquérir la riche propriétaire...
Souvent, le passage d'un format court à un long métrage se solde par une grosse déception, les auteurs étant incapables de garder le rythme et la substance de leur création (dernier massacre en date dans le genre : Brice de Nice) D'où la surprise provoquée par ce Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou. Non seulement les gags sont présents tout au long de l'histoire mais le scénario est extrêmement travaillé. Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou est en effet pensé, écrit, monté et filmé d'un bout à l'autre comme un film d'horreur classique (plutôt années 40 que 90 donc...) Mais si l'on rit souvent, ce n'est jamais au détriment des références au genre envers lequel Nick Park et Steve Box affichent une réelle déférence mais grâce à leur incroyable sens du gag (on ne les compte plus tant ils sont nombreux...) Quant aux hommages, ils sont légion et s'intègrent parfaitement au tout : King Kong, Frankenstein, Les Dents de la mer et bien d'autres en passant bien entendu par les films de loup-garous... On y trouve même une référence particulièrement savoureuse aux Fous du volant !
Techniquement, rien de bien nouveau depuis Chiken Run. Les personnages de Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou sont toujours réalisés en pâte à modeler avec empreintes digitales apparentes en prime mais malgré la somme de travail que cela représente, l'animation n'est jamais sacrifiée et toujours de qualité. Bien que l'on sache qu'il s'agit de petites figurines animées image par image, Wallace, Gromit et tous les autres protagonistes prennent vie sous nos yeux. L'illusion est quasi-parfaite et je défie par exemple quiconque de rester insensible aux adorables et hilarants lapins qui apparaissent tout au long du film... Gromit, tout comme pour les courts-métrages, est tout simplement incroyable d'expressivité alors qu'il n'émet pas un son de tout le film. Quant aux autres personnages, ils doivent également beaucoup à leurs doubleurs qui ont fourni un excellent travail (Helena Bonham Carter déjà présente au casting des Noces funèbres, Ralph Fiennes et Peter Sallis)
Alors que l'animation traditionnelle tend à disparaître petit à petit devant l'hégémonie sans partage et injustifiée des images de synthèse, il est heureux de constater que quelques irréductibles animateurs continuent à promouvoir une vision différente de l'animation. Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou est un petit chef d'oeuvre d'humour et d'hommage aux classiques du film d'horreur à ne manquer sous aucun prétexte. Du bonheur sur pellicule comme on n'en voit que trop rarement...
Ecrit par PetitVer, le Mardi 1 Novembre 2005, 16:33 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".