King Kong de Peter Jackson
Attendu avec impatience depuis de longs mois, King Kong n'est ni plus ni moins que le remake du film qui a donné envie à Peter Jackson de se lancer dans le cinéma. Il s'agit donc de l'aboutissement d'une vie de travail et de la réalisation d'un rêve. Peter Jackson peut se reposer désormais puisqu'il vient de surcoît de signer un des plus grands films d'aventure de l'histoire du cinéma... Rien que ça...
Dans l'Amérique de la Grande Dépression, Carl Denham tente contre vents et marées de monter un film d'aventure. Les producteurs le lâchent mais Carl part dans la précipitation avec leur matériel, bien décidé à tourner coûte que coûte son projet. Problème : son actrice principale s'est désistée la veille. Il jette alors son dévolu sur une jeune actrice au chômage qu'il croise au hasard dans New York, Ann Darrow. Il la convainct de faire le film et bientôt, toute l'équipe embarque sur un navire en partance pour une île inconnue afin de réaliser le film. Mais il sont loin de se douter de ce qui les attend là-bas...
A la sortie du cinéma, les mots manquent. C'est bien simple : King Kong est d'ores et déjà un monument du film d'aventure, le nouveau mètre-étalon du film à grand spectacle, un chef d'oeuvre en bref... Difficile de trouver un film qui pourrait soutenir la comparaison avec celui-ci. Divisé en plusieurs actes (New York, le voyage, l'île puis New York à nouveau), King Kong prend son temps pour poser ses personnages qui malgré quelques stéréotypes obligés échappent de très loin à la caricature qui plombe la plupart des films de ce genre avant de s'embarquer dans une série de scènes d'anthologie (la panique du troupeau de dinosaures, le combat avec les tyrannosaures, la capture de Kong, le combat en haut de l'Empire State Building et j'en passe...) La réalisation de Peter Jackson a rarement été aussi aérienne (les caméras sont en mouvement constant) tout en gardant une lisibillité de l'action irréprochable. Impossible en effet d'être perdu lors de ces scènes : bien qu'elles fassent l'objet de chorégraphies extrêmement élaborées, le spectateur ne perd jamais ses repères et peut identifier à tout moment la place des protagonistes les uns par rapport aux autres. Chose relativement rare aujourd'hui, où la plupart des réalisateurs filment leurs scènes d'action en plans ultra-serrés illisibles.
Mais le coeur du film reste bien entendu la relation entre Kong et Ann Darrow et même sur ce sujet casse-gueule, Peter Jackson s'en sort haut la main. La communication entre l'animal et la jeune femme passe essentiellement par la gestuelle et le regard et Peter Jackson ne s'y est pas trompé en faisant du personnage campé par Naomi Watts une comédienne/danseuse/jongleuse. D'ailleurs, la scène où elle fait son numéro au singe géant est assez fabuleuse et devient véritablement la scène pivot qui va déterminer le reste du film... A ce titre, Naomi Watts fait preuve d'un talent d'actrice éblouissant en faisant passer la majorité de ses émotions par son expression corporelle : au-delà du premier tiers du film, elle ne dit d'ailleurs plus un mot ou presque. Les autres comédiens sont tous sans exception excellents : Adrien Brody, comme à son habitude, joue tout en finesse, Jack Black prouve, si besoin était qu'il n'excelle pas seulement dans les comédies et n'oublions pas Andy Serkis qui tient en plus du rôle de Kong le rôle d'un marin.
Mais King Kong ne se résume pour autant pas à une belle histoire d'amour entrecoupée de scènes d'action dantesques. Le film propose également une reconstitution impressionante du New York des années 30 et des conditions de vie à l'époque. King Kong propose aussi une critique acerbe du système hollywoodien représenté par un Carl Denham qui sacrifierait père et mère pour réaliser son film et, surtout, récolter des montagnes d'argent et l'acteur Bruce Baxter, diva nombriliste qui qui ne désire qu'une chose : être sous le feu des projecteurs. Il y a aussi ces images ô combien parlantes du scénariste tapant la dernière version du script enfermé dans sa cage et des techniciens mourrant littéralement au travail... Bref, King Kong ne se limite pas à un divertissement décérébré et possède des thématiques riches et nombreuses, ce qui est tout à fait rare pour un film de ce calibre d'autant que de nombreuses scènes ont été coupées (certaines visibles dans la bande-annonce par ailleurs) Pour autant, les trois heures de métrage passent comme une lettre à la poste et s'il fallait vraiment trouver un défaut à ce film, on pourrait arguer du fait que certains effets spéciaux soient un peu trop visibles... Quant au reste, on tient là le film de l'année.
On ne ressort définitivement pas indemne de King Kong. Mélange habile et intelligent du meilleur des techniques d'effets spéciaux actuelles, d'aventure, de poésie et d'émotion, le film virtuose de Peter Jackson place la barre très très haut en ce qui concerne le cinéma de divertissement. Juste un mot donc pour conclure cette dithyrambe : merci monsieur Jackson...
Ecrit par PetitVer, le Jeudi 15 Décembre 2005, 03:08 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".
Réactions
Java
15-12-05 à 13:35
et merci à toi pour cette petite critique !
Tu n'as vraiment rien à reprocher au film ?
J'vais me le voir ce week end je pense !
PetitVer
15-12-05 à 15:01
Je pense que tu peux aller le voir les yeux fermés. Rares sont ceux qui n'aimeront pas je pense ;) Comme je disais, je reprocherais peut-être des effets spéciaux un peu trop "visibles" mais c'est vraiment pour chercher la petite bête. Pour le reste, j'en suis ressorti avec un sourire jusque là et l'impression que ça n'avait duré qu'une heure et demi ;)