Jean-Philippe de Laurent Tuel
C'est marrant : il suffit d'un rien pour attirer les gens dans les salles... Autant, un film sur Johnny Halliday pouvait paraître indigeste sur le papier, autant le concept intéressant a ravivé l'intérêt de personnes comme moi pour ce film. Restait à savoir ensuite s'il allait être correctement exploité...
Fabrice est un employé lambda dont la vie est d'un ennui total. Et sa seule raison de vivre vient de Johnny Halliday dont il est un des plus grands fans : sa collection d'objets dérivés est la plus grande du département ! Mais une nuit, alors qu'il rentre chez lui bien émèché en chantant du Johnny à tue-tête, un de ses voisins excédé par le tapage l'assomme d'un coup de poing. Quand il reprend connaissance, Fabrice réalise que plus personne ne connaît Johnny Halliday autour de lui...
Parti d'un concept que n'aurait pas renié Philip K. Dick, Jean-Philippe fait très vite penser à La Moustache, autre film français au thème similaire mais autrement plus raté (et c'est rien de le dire !) Au contraire du film d'Emmanuel Carrère dans lequel son héros se tourmente pendant des heures sur le pourquoi du comment de sa situation, le héros de Jean-Philippe ne s'interroge pas outre mesure sur les raisons de l'évènement inexplicable qui bouleverse sa vie. La théorie est d'ailleurs rapidemment expédiée en une scène avec un Jackie Berroyer méconnaissable... Débarrassé de la théorie et des questions existentielles lourdingues qui avaient plombé La Moustache, Jean-Philippe se lâche donc dans la comédie débridée très rapidemment et peu importent que Jean-Philippe croit un peu vite Fabrice dans ses délires et que certaines situations soient un peu trop invraisemblables (les héros rentrent un peu trop facilement au Stade de france...), la sauce prend très bien. Et le réalisateur évite intelligemment les pièges énormes que le script lui tendait (comme la romance inévitable entre le fils et la fille des héros...)
Si le jeu de Johnny Halliday n'est pas toujours juste (il est parfois assez peu convainquant dans les scènes les plus délicates mais ça reste tout à fait correct...), il fait cependant preuve d'une auto-dérision incroyable lors de certaines séquences hillarantes. On pense au moment où il déclare "je ne me sens pas très cuir" et où il critique les santiags qui lui "font mal aux pieds" mais également à la scène dans laquelle Johnny se produit devant les patients grabataires d'une maison de retraite. Du côté de Luchini, celui-ci fait son show en roue libre totale comme à son habitude mais s'avère réellement excellent dans ses pétages de plombs (quand il chante du Johnny à tue-tête dans la rue ou encore quand il s'emporte contre ceux qui ne connaissent pas le célèbre chanteur et le prennent pour un dingue.) Mais l'humour de Jean-Philippe ne s'arrête pas à la prestation de ses deux acteurs principaux mais propose aussi des clins d'oeil hilarants (Poolvoerde apparaît dans un caméo savoureux et Laeticia, la femme de Johnny se montre au détour d'un plan astucieux...)
Dans la lignée de Podium, il n'est pas besoin d'être fan de Johnny Halliday pour apprécier Jean-Philippe qui se révèle une excellente surprise au final... Loin du médiocre Les Bronzés 3, voilà un film qui relève le niveau des comédies françaises...
Ecrit par PetitVer, le Jeudi 20 Avril 2006, 17:22 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".