Domino de Tony Scott
Chez les Scott, le cinéma semble être de famille mais alors que l'aîné enchaîne les films marquants depuis son très réussi Gladiator, le cadet reste dans l'ombre avec des films d'action parfois réussis (Ennemi d'état) mais le reste du temps assez anecdotiques (Spy Game) Et ce n'est pas Domino qui risque de changer la donne...
Domino Harvey, fille d'un célèbre acteur et mannequin à l'occasion, s'ennuie ferme dans sa petite vie de petite fille bourgeoise. Pour tromper la monotonie de son existence, elle décide de se lancer dans un métier un peu plus dangereux : chasseur de prime. Elle rencontre par hasard lors d'un "séminaire" Ed et Choco qui deviendront ses partenaires et amis dans sa chasse au crime...
Après Man on Fire, Ennemi d'état et Spy Game, Tony Scott poursuit ses expérimentations visuelles mais à vouloir trop en faire, il s'égare visiblement en chemin. Contrairement à son grand frère, Tony Scott abuse de l'esthétique de clip MTV qu'il a contribué à populariser. Alors que dans Man on Fire et Ennemi d'état, ces partis-pris pouvaient se justifier par rapport au sujet (questionnement personnel et violence exacerbée pour l'un et contrôle de l'image pour l'autre), dans Domino, le sujet plutôt classique aurait au contraire demandé un traitement moins expérimental. Mais c'est l'inverse qui se produit : Tony Scott multiplie les filtres, privilégie un montage ultra-rapide et enchaîne les effets visuels sans raison. Étant donné que le groupe de chasseurs de primes est suivi pendant un temps par une équipe de télévision, on aurait pu penser à Tueurs-nés d'Oliver Stone mais Domino ne possède ni son côté contestataire ni son aspect trip visuel unique. Le film de Tony Scott se sert de l'équipe de télévision avant tout dans un but comique (les deux acteurs de Beverly Hills qui reprennent leur propre rôle sont à ce titre assez drôles) mais ne propose jamais de réflexion à ce sujet...
Le scénario est par contre d'un classicisme limite ennuyeux : on pense à de nombreux films du réalisateur (la fin notamment rappelle énormément celle d'Ennemi d'état et de True Romance en moins intense) A l'image de cette scène d'amour dans le désert filmée comme une publicité pour du parfum ou des jeans, le scénario cumule les passages obligés... D'ici à penser que la mise en scène est volontairement élaborée (trop ?) afin de cacher l'absence d'une véritable histoire, il n'y a qu'un pas. Le principal intérêt du film tient avant tout dans ses deux acteurs principaux. Mickey Rourke y est, à l'instar de Sin City, extraordinaire : il dévore littéralement l'écran de sa présence dans chaque scène où il apparaît. Keira Knightley campe quant à elle une Domino Harvey parfaitement crédible. On ne doute jamais de sa capacité à tenir une arme ou à user de ses charmes. Il est dommage que le film ne leur permette pas de mettre plus en avant leurs talents de comédiens.
Domino est donc un film qui se laisse voir mais qui n'est avant tout que de la poudre aux yeux... Les réfractaires au style MTV vont détester tandis que les autres se laisseront porter pendant deux heures par un film d'action certes stylisé mais qui ne casse pas des briques.
Ecrit par PetitVer, le Samedi 10 Décembre 2005, 15:58 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".
Réactions
Zakath-Nath
10-12-05 à 17:49
Tiens, je viens de réaliser cet après-midi (soit 15 jours après avoir appris que Domino Harvey avait vraiment existé et était la fille d'un acteur) que le père jouait dans Alamo.
Sinon, le film me disait pas trop avant, ta critique ne fait que confirmer...
PetitVer
11-12-05 à 18:07
Un peu déçu aussi. J'attendait quand même un peu plus de la part de ce réalisateur... A noter que la vraie Domino Harvey apparaît très furtivement dans le film ;)