Collision (Crash) de Paul Haggis
Voilà un film dont j'ai entendu parler depuis quelques temps déjà (merci Shann au passage : je ne l'aurais peut-être pas vu sinon) Sous ses atours de drame larmoyant (pas tant que ça en plus) classique, se cache cependant un film profond et intelligent. Collision ou la meilleure surprise de cette rentrée cinéma...
En 36 heures, une douzaine de personnages dont les vies vont se croiser vont vivre une étape importante de leur existence. Des inspecteur de police amants, un district attorney et sa femme, une famille perse, un jeune flic idéaliste, un réalisateur et sa femme... Tous vont à l'issue de ces quelques heures voir leurs convictions ébranlées par les évènements.
Dès le début, Collision intriguait avec un casting cinq étoiles qui laissait présager du meilleur. Première réalisation du scénariste de Million Dollar Baby, il reprend le principe de ces films dans lesquels une flopée de personnages vont se croiser et influer les uns sur la vie des autres. Le concept n'est pas neuf mais traité de manière particulièrement efficace : on suit avec plaisir toutes ces histoires parallèles impeccablement imbriquées et liés entre elles. La réalisation de Paul Haggis reste légèrement en retrait et s'efface derrière son sujet mais on ne peut en nier l'efficacité. Pour un premier film, il s'en sort largement avec les honneurs d'autant que sa direction d'acteur est réellement fabuleuse. Certains des comédiens sont en effet utilisés à contre-emploi de leurs rôles habituels (Brendan Fraser, Sandra Bullock, Matt Dillon...) mais la question de la crédibilité de leur performance ne se pose jamais tant ils impressionnent.
Collision peut parfois faire penser à American History X dans le sens où les deux films parlent d'un même sujet. Mais là où le film de Tony Kaye traitait du racisme à travers les extrêmes, Collision parle du racisme ordinaire, de la petite haine de tous les jours qui paraît inoffensive au début mais qui, accumulée, peut provoquer des catastrophes. C'est l'accumulation de petites humiliations, de petites frustrations qui règle la vie des personnages. Plus encore que de racisme, Collision parle d'intolérance et des préjugés que tout le monde possède inconsciemment. Mais comme dans un Magnolia, rien n'est simple, rien n'est tout noir ou tout blanc. Le manichéisme pourtant si cher au cinéma américain n'a pas lieu d'être ici. Chaque personnage a ses failles : même le pire des pourris a de bons côtés et même la personne animée des meilleures intentions peut commettre des erreurs. Bref, Collision parle de la vie de tous les jours, de vous, de moi...
Collision est un des grands films de cette rentrée cinéma et sans doute un des grands films de cette année, tout simplement. Émouvant, intelligent, formidablement bien écrit et joué, il s'agit d'un beau film qui ne se limite pas au Los Angeles de son histoire et concerne tout un chacun. Superbe.
Ecrit par PetitVer, le Samedi 1 Octobre 2005, 14:14 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".
Réactions
Java
17-10-05 à 16:31
ah enfin un avis contradictoire (en dehors des femmes), le film est bien effectivement, mais mène à quoi, c'est bête mais moi quand je vais au ciné, j'aime bien en ressortir...comment dire...grandi par exemple...j'ai vu un jour après lautre collision, et les frère grimm, au moins avec le second, j'en ai tiré quelque chose, j'ai une histoire de plus à raconter...pour Collision, quoi dire, des gens normaux à qui il arrive des choses de tout les jours (plus où moins) mais je pense que le fait que le film traite de problème très américain (le racisme ne l'est pas je sais mais là il se mélange un peu avec la violence et les armes) pose une distance entre moi pauvre Français loin de cette violence armée et de cette peur permanente...
En même temps je pense que je ne suis pas sensible à ce genre de film quelqu'en soit la provenance, j'étais déjà assez hermétique aux "Gouts des autres" et films du même genre peut etre qu'un jour je changerais.
PetitVer
17-10-05 à 16:42
Je trouve au contraire que ce film est assez universel dans ses thèmes. Si le problème se situe à un niveau moindre chez nous, je pense qu'on pourrait presque transposer l'histoire en France. Nous aussi, on a nos flics pourris ou racistes ou les deux (voir De l'amour ou La Haine...), nous aussi, on a nos petites frappes, nous aussi, on a nos gros cons racistes... Je pense que Collision peut nous faire réfléchir là-dessus et que ce serait une erreur de se sentir étranger à tout ça juste parce que ça se passe à Los Angeles (il faut bien que ça se passe quelque part ;) )
Re:
Java
17-10-05 à 16:48
j'e suis assez d'accord avec toi mais je trouve qu'il y a quand même unpoint trsè différent dans toutes cette pourriture, ce racisme et connerie commune, c'est la peur....
Tu te souviens de la petite fille qui dors sous son lit parce qu'un balle à traversées sa chambre...?
Tu l'imagine en France ? ou en dehors des US ? ben moi pas trop...
Et je me suis mal fait comprendre si j'ai laissé entendre que je me sentais exterieur à ça, c'est juste que ça ne m'a rien apporté comme film...
J'ai vu American History X ce week end aussi (que je n'avais jamais vu) comme tu le prend en point de comparaison, je suis d'accord qu'on parle d'extrème au racisme de tout les jour...mais je trouve que justement American apporte quelque chose, je ne saurais pas dire quoi...mais quelque chose.
Re: Re:
Java
17-10-05 à 16:50
juste un oublie, dans les scène montrant la peur :
Sandra Bullock qui flippe des deux noirs alors qu'il n'ont rien mais rien fait d'agressif ou autre...
ou le Flic "gentil" qui flippe du noir qu'il a pourtant pris en stop...
et il y en a d'autres...
PetitVer
17-10-05 à 17:04
American History X est vraiment différent de Collision dans le fait qu'il ne suit que deux personnages (celui joué par Edward Norton et son petit frère) dans leur prise de conscience progressive tandis que Collision suit une bonne douzaine de personnages différents, ce qui implique moins d'empathie de la part du spectateur (encore que...)
Par contre, je ne suis pas d'accord avec ton message sur la peur : la peur naît avant tout de préjugés et tu ne peut pas dire que chez nous, ça n'existe pas. Quand j'habitais Paris et que je disais que je vivais dans le 93, les gens flippaient à ma place parce qu'ils pensaient que c'était la jungle alors que pas vraiment (enfin ça dépend des coins aussi...) Si un petit bourgeois croise une bande de racailles dans la rue, il ne va pas être rassuré, tout comme le personnage de Sandra Bullock. Et je suis sûr que presque toutes les situations du film peuvent avoir une équivalence chez nous (bon d'accord, peut-être pas le coup de la gamine qui dort sous son lit ^-^ )
Re:
Java
18-10-05 à 10:09
ben tu le dis toi même :
(enfin ça dépend des coins aussi...)
il se trouve que le phénomène des banlieues dites chaudes est particulier, il y a des zones pas sécurisées, très médiatisées qui à cause de ces médias crées cette peur...
Mais je trouve qu'il y a encoe une différence notable entre cette peur et la peurt permanente américaine...
Leur principe de l'arme...genre :
-"je vais m'acheter une arme,"
-"pour quoi faire ?" tu lui demande,
-"pour me défendre !"
-"pour te défendre contre quoi contre qui ?"
-"Pour me défendre c'est tout"
PetitVer
18-10-05 à 14:46
On est d'accord sur la peur et les armes mais à la base de tout ça, il y a plein de petits préjugés et de petites intolérances et c'est ce que montre à mon sens le film.
Re:
Java
18-10-05 à 15:51
alors on est d'accord sur tout sur ce film !
on va pas continuer nos bla-blas hein !
PetitVer
18-10-05 à 16:00
Ouais, j'ai l'impression qu'on tourne un peu en rond, là ^-^