Le Repaire du Petit Ver

Le Crime farpait (Crimen Ferpecto) de Alex de la Iglesia

Loin d'être aussi terne apparemment que le cinéma hexagonal, le cinéma ibérique se porte plutôt bien. Après avoir donné un second souffle au cinéma fantastique en Europe, les regards se sont donc tournés vers l'Espagne, véritable vivier de cinéastes de talent. Alex de la Iglesia fait partie de ceux-là et nous livre avec son Crime Farpait une petit comédie noire comme il faut.

Rafael est un peu la star du grand magasin Yeyo à Madrid : il vendrait un réfrigérateur à des Esquimaux, ses collègues l'adorent, les vendeuses lui mangent dans la main (et plus si affinités) et la direction du magasin lui est presque acquise. Mais quand son rival lui vole le poste promis par la faute d'une cliente, Rafael perd son sang-froid. Le nouveau directeur décide donc de le renvoyer mais Rafael le tue accidentellement pendant une rixe. Problème : la dispute a eu un témoin...

Certes, le trait est grossier mais l'humour n'en est pas moins assez fin, en tout cas bien loin du standard franchouillard, vulgaire et bas de plafond (j'ai bien des titres en tête mais je m'abstiendrai... ^-^) La première demi-heure durant laquelle nous est présenté le personnage de Rafael est franchement à mourir de rire. Ce dernier s'adresse à la caméra et présente son univers à la façon d'un acteur vantant les mérites du dernier shampoing aux oeufs. Comme souvent chez de la Iglesia, le héros n'est pas franchement aimable et c'est grâce à ça que l'humour du film fonctionne si bien. Toutes les galères qui lui tombent sur la tête les unes après les autres sont d'ailleurs tellement énormes qu'on ne peut qu'en rire (ah la famille de sa promise est excellente ^-^)

Derrière les oripeaux de la comédie, de la Iglesia déguise une subtile satire de la vie contemporaine, entièrement vouée au dieu argent et à la consommation de masse. Il faut voir les clients se ruer dans les magasins, se crêper le chignon, jouer au mouton... Pour être vendeur, je peux dire que ce film sent le vécu. Mais ça ne s'arrête pas là puisque les employés passent aussi à la moulinette acide du réalisateur : entre le héros prêt à toutes les bassesses pour vendre et extorquer de l'argent aux clients, les vendeuses qui couchent avec le chef... tout le monde en prend pour son grade.

Bref, si le Crime farpait ne l'est pas (d'où le titre en gros), on passe un très bon moment loin de la soupe à deux balles qu'on nous ressert régulièrement dans notre beau pays... Si vous voulez du divertissement drôle et intelligent, vous savez ce qu'il vous reste à faire, quoi.

Ecrit par PetitVer, le Samedi 14 Mai 2005, 22:10 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".