Le Repaire du Petit Ver

Calvaire de Fabrice du Welz

Difficile de se faire une opinion sur ce film bizarre. On savait au vu du sujet que ça ne serait pas facile mais là... Calvaire fait partie de ces films qui laissent le spectateur dubitatif encore longtemps après la projection. Une chose est sûre, il y a peu de films comme ça dans la production cinématographique francophone (et non pas française car le film est belge) mais il lui manque tout de même une certaine légitimité...

Marc Stevens est un chanteur itinérant. Il va d'hôpitaux en hospices civils afin d'égayer les derniers jours des petits vieux. Alors qu'il doit rejoindre le sud pour son prochain gala de noël, il s'égare en forêt (ouh ! Mauvaise idée, ça ^-^) et sa camionnette finit par rendre l'âme (encore plus mauvaise, comme idée ^-^) sur un chemin boueux et sous des trombes d'eau. Il arrive jusqu'à une auberge tenue par un ancien comique dont la femme l'a quitté. Si tout se passe bien au début, les ennuis vont vite commencer quand ce dernier se met en tête que Marc est sa femme revenue par amour...

L'histoire peut aisément prêter à sourire mais le traitement, complètement premier degré, à la limite du documentaire choisi par Fabrice du Welz fait s'étrangler les rires dans les gorges des spectateurs. La lumière est crue et le quotidien des bouseux chez qui échoue le héros (et peut-on parler de héros ici, vu que Marc subit beaucoup plus qu'il n'agit ?) est d'un glauque qui met franchement mal à l'aise. Le film est d'ailleurs parsemé de moments à la limite du surréalisme : le type qui cherche sa chienne, la danse bizarre dans le bar... Il y a des bonnes choses mais ça n'est pas suffisant pour garder l'attention du spectateur.

En effet, le film souffre d'un problème de rythme flagrant : la première partie (jusqu'à ce que Marc Stevens se fasse séquestrer en fait) est molle, mais molle et le personnage principal est complètement inexistant. Il tente d'échapper par deux fois à son tortionnaire mais le reste du temps, il ne fait que subir en pleurant. Impossible donc dans ces cas-là pour le spectateur de s'identifier vraiment. Et ce n'est pas Bartel l'aubergiste taré qui risque de s'attirer la sympathie du spectateur. On reste donc étranger à ce qui se passe pendant toute la durée du récit, récit qui d'ailleurs n'a pas vraiment de fin (ou alors, restez jusqu'après le générique si vous voulez une conclusion un peu plus consistante)

Pour finir, il manque également un discours à ce film : il se contente de montrer sans jamais porter de jugement sur les faits qui se produisent... C'est dommage car Calvaire est parfois assez réjouissant par son jusqu'au-boutisme. Essai partiellement réussi donc mais bien dérangeant par moments quand même...

Ecrit par PetitVer, le Samedi 19 Mars 2005, 01:00 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".