Le Repaire du Petit Ver

L'Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol

Chabrol est réglé comme une horloge : ses films sortent à intervalles réguliers depuis un certains temps. Le cru 2006 ne déroge pas à la règle établie et livre un nouveau film éminament politique. L'Ivresse du pouvoir devrait donc ravir les habitués du cinéaste...

Jeanne Charmant-Killman, juge d'instruction est chargée de démêler une complexe affaire de détournement de fonds. Plus son enquête avance et inquiète des personnages haut placés, plus elle va réaliser que toute l'affaire est beaucoup plus étendue qu'elle le pensait d'abord...

L'Ivresse du pouvoir, malgré le message qui ouvre le film selon lequel les personnages et l'histoire seraient purement fictifs s'inspire ouvertement de l'affaire Elf qui avait éclaboussé certains politiques dans les années 90. Par contre, on ne peut se défaire de l'impression tenace cependant que Chabrol s'embourgeoise dangereusement. Par exemple, un personnage demande à l'héroine du film ce qu'elle ferait avec plein d'argent (je paraphrase grossièrement bien sûr car je ne me souviens plus des mots exacts utilisés...) et elle lui répond en gros qu'elle ne roule pas sur l'or... Sachant quand même qu'elle est juge d'instruction, que son mari dirige un laboratoire d'analyses et qu'ils habitent un immense appartement en plein Paris, je trouve assez déplacé ce genre de dialogues signe que certaines personnes ne vivent clairement pas dans le même monde que la majorité. Dommage car cela porte atteinte à la crédibilité de L'Ivresse du pouvoir dont les intentions sont par ailleurs fort louables...

Au niveau artistique, une des grandes qualité de L'Ivresse du pouvoir est de rendre enfin Isabelle Huppert regardable : habituée d'habitude à jouer de manière outrancière des hystériques, elle est étonnament sobre ici. Elle rend parfaitement justice à son personnage de juge incorruptible mais humaine. Ce qui permet entre autres de faire fonctionner parfaitement l'humour assez noir et mordant de L'Ivresse du pouvoir. Il faut voir les politiques mis en examen face à la juge : ils n'en menent pas large. Même si les liens qui les relient entre eux sont parfois assez flous (je pense au fumeur de cigare à l'accent du sud, par exemple...), les personnages sont nombreux et relativement bien développés. On reconnaît sans peine les coups bas dont les plus fortunés sont capables entre eux...

L'Ivresse du pouvoir donne un salutaire coup de pied dans la fourmillière et sait mettre le doigt là où ça fait mal même si le point de vue du réalisateur est légèrement biaisé vis-à-vis d'une certaine réalité.

Ecrit par PetitVer, le Samedi 18 Mars 2006, 00:38 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".