Le Nouveau monde (The New World) de Terrence Malick
Chaque film de Terence Malick est un petit évènement en soi. Alors qu'il avait surpris tout le monde en revenant sur le devant de la scène avec La Ligne rouge, un film de guerre atypique et d'une poésie rare, voilà qu'arrive Le Nouveau monde qui raconte une histoire complètement différente apparemment...
Au dix-septième siècle, des navires anglais débarquent sur les rivages de ce qui deviendra par la suite la Virginie et y établissent un avant-poste. Chargé d'aller entamer des négociations afin de développer le commerce avec les indigènes, John Smith se fait capturer par ces derniers. Se sentant menacés par les envahisseurs, les indigènes sont sur le point de le tuer quand il est sauvé in extremis par une jeune et jolie indienne...
Terrence Malick ne s'en est pas caché, La Nouveau monde n'est rien de plus que son interprétation de la légende de Pocahontas. Mais point de mièvrerie signée Disney ici : Le Nouveau monde n'a strictement rien à voir avec les musiques stupides, le manichéisme navrant et l'ambition bassement mercantile de la firme de Mickey. Ce qui étonne le plus de prime abord, c'est la structure du film qui repose essentiellement sur le principe de l'ellipse. Le Nouveau monde est donc un film elliptique dans lequel la narration et l'histoire ne sont finalement qu'accessoires soutenant un film d'une poésie incroyable. Ainsi, l'arrivée des colons sur la terre promise, l'établissement d'un camp et les premiers contacts avec les indigènes doivent être expédiés en moins de quinze minutes... Malick préfère nettement saisir des instants fugaces qui mis bout à bout font sens. La narration éclatée et de prime abord anarchique du Nouveau monde est, tout comme pour La Ligne rouge ce qui fait une bonne partie du charme de ce cinéaste.
Le Nouveau monde est un véritable film lyrique supporté par une magnifique et envoûtante musique signée James Horner qui le rapproche d'une certaine forme d'opéra visuel virtuose. Malick doit être le seul cinéaste au monde à savoir faire de pareils films : on jurerait qu'il arrive à filmer des choses aussi intangibles et evanescentes que les sentiments. Aidé en cela par des acteurs au meilleur de leur forme, Malick signe l'un des films les plus inclassables depuis des années. Incarnant un personnage tout en retenue et au destin ingrat, Christian Bale confirme sans peine qu'il est un des grands acteurs d'aujourd'hui. De son côté, la jeune Q'orianka Kilcher porte une bonne partie du film sur ses épaules par sa seule grâce. Quant à l'habituellement fade Colin Farrell, même lui arrive à faire vivre son personnage et à rendre crédible sa romance avec la jeune indigène...
Comme pour ses précédents films, Terrence Malick réussit à sublimer son sujet et à l'emmener (et le spectateur avec lui) là où personnene pensait qu'il irait. Film complètement hors normes, Le Nouveau monde est une ode à la nature (sa première partie fait très paradis perdu...) et à l'amour. Bref, un film à la fois beau et poétique qui ne devrait pas laisser indifférent.
Ecrit par PetitVer, le Vendredi 17 Mars 2006, 19:08 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".