Syriana de Stephen Gaghan
George Clooney est sans doute un des acteurs du cinéma US les plus sympathiques aujourd'hui : choisissant avec soin ses projets, il n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat avec des films à forte connotation politique. Hier avec sa seconde réalisation Good Night, and Good Luck. Aujourd'hui avec Syriana...
De nos jours au Kazakhstan. Le groupe pétrolier américain Connex vient de perdre un gros contrat au profit de Killen, une société chinoise. Les actionnaires de Connex ne l'entendant pas de cette oreille, les américains lancent une OPA sur Killen. Cette pratique attire l'attention du gouvernement tandis que tout autour du monde, divers agents veillent au bon (ou mauvais) déroulement de l'opération...
Complexe, le scénario l'est indéniablement (je vous avoue que je ne suis pas tout à fait sûr de ne pas avoir fait d'erreurs dans le résumé, c'est dire ^-^ ) Plus encore que Traffic (même scénariste, mêmes producteurs...), Syriana multiplie les lieux, les personnages et les péripéties. Comme le dit si bien l'accroche de l'affiche française, tout est lié. Et effectivement, bien que le film soit déjà assez long (plus de deux heures d'intrigues politico-financières, ça peut paraître très long à beaucoup ^-^ ), il aurait pu (et presque du) être encore plus long. Les termes utilisés peuvent paraître particulièrement obscurs à la majorité des gens et quelques explications supplémentaires n'auraient pas été du luxe à certains moments. Si au début, les tenants et aboutissants de l'histoire restent très flous, les morceaux du puzzle s'imbriquent petit à petit les uns dans les autres pour finalement dresser un tableau très clair des enjeux.
Tout le film tend vers une scène capitale. Ce climax dans lequel tous les protagonistes sont réunis (par le montage uniquement, la scène se déroulant dans plusieurs lieux géographiquement éloignés...) montrant deux actions se déroulant simultanément suivant un montage parallèle est littérallement halletant et d'une violence peu commune mais il montre surtout le cynisme des patrons des lobbys pétroliers qui s'auto-congratulent pendant que d'autres meurent, sacrifiés sur l'autel de la rentabilité maximum. Si Syriana n'apprend rien de réellement nouveau aux spectateurs un minimum conscients de la réalité du monde qui les entoure, il appuie néanmoins là où ça fait le plus mal. On ressort secoué de ce film qui, aux côtés de Lord of War (même si ce dernier n'atteint pas le niveau de subversion de Syriana) dépeignent un monde où tout ne tourne définitivement pas rond...
Syriana est un excellent film d'intrigue politico-financière qui parle d'une réalité en général passée sous silence. Même si on peut douter que ce film change quoi que ce soit à la façon dont tourne (mal) le monde, on en peut que saluer le courage de ses initiateurs...
Ecrit par PetitVer, le Lundi 27 Février 2006, 23:53 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".