Le Repaire du Petit Ver

Caché de Michael Haneke

Haneke est un cinéaste à part dont le credo semble être de constamment interroger le spectateur sur ses failles et faiblesses. Mais ce qui marchait impeccablement dans certains de ses précédents films tourne un peu à vide dans Caché...

Georges est animateur d'une émission littéraire à la télévision. Sa vie familiale sans complication bascule petit à petit quand il reçoit de mystérieuses cassettes vidéo montrant sa maison filmée depuis la rue voisine. Ces vidéos réveillent de vieux souvenirs douloureux chez Georges qui va mener son enquête...

Caché n'est sans doute pas le meilleur film de Haneke et souffre de la francisation de son cinéma. Comme dans de nombreux films occidentaux, l'intrigue met en effet du temps, beaucoup trop de temps à se mettre en place et la réalisation est souvent paresseuse (beaucoup de plans fixes qui s'éternisent) Alors qu'Haneke nous avait auparavant habitués à une réalisation qui trouve son sens vis-à-vis du sujet et du scénario, dans Caché, les longueurs sont légion. On a constamment l'impression désagréable que Haneke a planté là sa caméra et la laisse tourner faute d'un scénario consistant. La force du réalisateur et donc de Caché par la même occasion est ailleurs et réside essentiellement dans le caractère manipulateur de Haneke qui, à la manière de Funny Games, implique directement son spectateur dans le déroulement du film. Il arrive ainsi souvent que devant un plan, on se demande s'il s'agit d'une nouvelle cassette réalisée par le mystérieux manipulateur (alter ego fictionnel de Haneke ?) ou s'il s'agit d'un plan de Caché...

 A l'inverse du récent Lemming qui, à force de donner réponse à tout, affaiblissait son récit et son ambiance, Caché se construit comme la montée en puissance d'un malaise qui n'ira, malgré un plan tétanisant aux trois-quarts du film (les âmes sensibles feraient mieux de se préparer à l'avance...), pas jusqu'au bout. En effet, plusieurs pistes abandonnées en route (comme les accusations de Pierrot envers sa mère) et la fin traitée par-dessus la jambe restent particulièrement frustrantes... Tout ce que Haneke réussit à faire, c'est nous rendre antipathique son personnage principal qui s'enferme sans raison apparente dans le mensonge mais rien de ce qui arrive ne semble destiné à avoir de véritables répercussions et Caché s'arrête abruptement au moment où les choses commencent à avoir un intérêt...

Au final, un film en demi-teinte qui arrive à créer une atmosphère mais ne va jamais au bout de ses idées. Haneke nous a habitué a mieux par le passé quand il avait encore le courage de pousser son raisonnement jusqu'au malaise. Caché, lui, navigue entre deux eaux sans jamais vraiment choisir son camp...

Ecrit par PetitVer, le Lundi 31 Octobre 2005, 13:57 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".