16 blocs (16 Blocks) de Richard Donner
Richard Donner s'est fait plutôt discret ces dernières années. Pourtant, du haut de ses 75 ans révolus, il prouve aujourd'hui qu'il n'a aucunement perdu l'énergie nécessaire à la réalisation d'un bon vieux film d'action dans la lignée des Arme Fatale...
Alors qu'il rentre au poste après une nuit de garde, le capitaine Jack Mosley s'apprête à regagner ses pénates quand lui est confiée une dernière mission... Il est chargé de conduire un témoin gênant du commissariat au tribunal qui se trouve seize rues plus loin avant dix heures du matin. Bref, il a largement le temps sauf que plusieurs policiers n'ont pas intérêt à ce que le temoin franchisse les portes du tribunal...
La première chose qui frappe dans 16 blocs, c'est la métamorphose de Bruce Willis qui n'hésite plus à se vieillir et à s'enlaidir pour un rôle. Ainsi, dès la première séquence, l'acteur apparaît avec du ventre, une calvitie amplifiée par sa coiffure (enfin assumée, diraient certains...), une barbe de trois jours et un fort penchant pour l'alcool dès le petit matin. Finalement, Jack Mosley n'est qu'un personnage dans la continuité du John McClane d'Une Journée en enfer. Fatigué, le personnage est dépressif et laisse imaginer ce que pourrait devenir le héros des Die Hard après le troisième épisode. On pense aussi à Otage dans lequel le héros, pourtant un peu plus en forme que celui de 16 blocs, accuse le poids des années et ne se remet pas d'une expérience traumatisante...
Bref, Jack Mosley est ce qu'on peut appeler un héros de films d'action post-moderne où ce n'est pas l'homme qui est exceptionnel mais la situation qui forcera par ailleurs ce dernier à réfléchir sur lui-même. Dommage que l'accolyte désigné de Bruce Willis, le rappeur Mos Def, soit si irritant, la faute à une VF qui lui donne une voix à mi-chemin entre Donald Duck et la marionnette des Guignols de Doc Gynéco, ruinant ainsi ses scènes dramatiques importantes. Pourquoi faut-il que les sidekicks blacks soient de tels moulins à paroles intarrissables ? C'est fatiguant à la fin...
Au niveau de la réalisation, rien à redire. Le grand âge du réalisateur n'a pas entâché son dynamisme et cela se ressent dès les premières images, filmées caméra à l'épaule. L'intrigue a beau avoir été déjà vue et revue (mise à part une situation inattendue au milieu du film), on se laisse très facilement prendre par l'action menée par des acteurs impeccables. Bien entendu, la fin est relativement prévisible et la morale de l'histoire est matraquée un peu trop régulièrement pour être subtile mais cela ne nuit en aucun cas au plaisir pris à la vision de ce petit film d'action rétro (un petit air des années 80 flotte dans l'air...) dans la forme mais typiquement contemporain dans le fond...
Sans être un grand film d'action comme a su l'être Otage l'année dernière, 16 blocs se laisse regarder avec un certain plaisir et au détour de quelques séquences, se hisse même carrément en haut du panier (les confrontations entre Bruce Willis et son ancien coéquipier.) Bref, un très bon divertissement...
Ecrit par PetitVer, le Jeudi 13 Avril 2006, 15:03 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".