Appleseed de Shinji Aramaki
Encore un film qui aura mis du temps à nous parvenir... Distribué dans une combinaison plutôt limitée de salle, il est peu probable qu'Appleseed trouve son public. D'une part parce qu'il s'agit d'un film d'animation de science-fiction. D'autre part parce qu'il s'agit d'un film d'animation japonais. Or tout le monde sait que l'animation, c'est pour les gosses et que les japonais ne font que des films abrutissants...
Dans un monde ravagé par une guerre d'amplitude mondiale, des groupes de combattants se battent toujours, ignorant qu'il n'y a plus de guerre puisqu'il n'y a plus d'ennemis. Deunan Knute fait partie de ceux-ci. Elle est récupérée in extremis alors qu'elle se trouvait dans une mauvaise passe et amenée à Olympus, dernière citée utopique censée être un modèle pour la reconstruction du monde. Mais la mégapole est la cible d'attaques terroristes et Deunan ignore encore quel rôle elle va jouer dans ces intrigues où se mêlent politique et eugénisme...
Ayant déjà fait l'objet d'une adaptation médiocre dans les années 90, Appleseed revient sur le devant de la scène en faisant table rase du passé. Or, alors que le long métrage précédent pêchait techniquement, Appleseed version 2005 se donne enfin les moyens de ses ambitions : le film utilise les dernières techniques d'animation en vogue afin de créer un univers crédible, visuellement magnifique et, par certains aspect, révolutionnaire. Appleseed est révolutionnaire dans le sens où il est le premier long métrage dont les personnages sont entièrement réalisés à l'aide du procédé appelé Cell Shading qui, notamment en renforçant les contours par des traits pleins, donne l'illusion de la 2D sur des éléments 3D. Utilisée surtout dans les jeux vidéo (Jet Set Radio, Dragon Ball Z Budokai 3, XIII...) jusqu'à présent, cette technique offre un rendu impressionnant associé à une incroyable fluidité dans l'animation. On a donc l'impression de voir un véritable dessin animé. Même si certaines expressions de visage légèrement crispées trahissent les images de synthèse, l'illusion est la plupart du temps parfaite.
La technique permettant toutes les folies ou presque, le réalisateur s'en donne à coeur joie et se lâche dans des scènes d'action débridées du plus bel effet (la meilleure est cependant la toute première). Malheureusement, l'action est au service d'un scénario qui simplifie énormément l'histoire d'origine du manga. Le script d'Appleseed donne en effet l'impression d'une vulgarisation à destination du plus grand nombre. Ici, les intrigues politiques tortueuses qui faisaient une bonne partie de l'intérêt du manga se résument très rapidement à trois entités distinctes (les Anciens, l'ES.W.A.T. et l'Armée) aux protagonistes uni-dimensionnels autour desquels gravitent quelques électrons libres (les héros principalement). Le tout est agrémenté de scènes larmoyantes sans grand intérêt et ne fait au final qu'effleurer du doigt les grands thèmes du manga. Eugénisme, manipulations génétiques, avenir de l'être humain, libre arbitre... Le choix était abondant et le réalisateur a décidé de piocher un peu de chaque sans jamais réellement approfondir. N'est pas Mamoru Oshii qui veut...
Si Appleseed risque de décevoir quelque peu les lecteurs du manga original du fait de sa vulgarisation et de son ouverture flagrante au grand public, il répondra parfaitement aux attentes de ce dernier en délivrant son quota de scènes d'action hallucinantes enrobant un scénario intelligent mais pas trop. Bref, un bon petit film d'animation qui ne marquera pas forcément mais dont on se souviendra au moins pour la prouesse technique...
Ecrit par PetitVer, le Mercredi 7 Septembre 2005, 02:31 dans la rubrique "Cinéma & DVDs".